Récit d’un naufrage au temps de l’esclavage

Le 17 novembre 1760, “l’Utile”, un navire de la Compagnie des Indes Orientales, part du port de Bayonne, destination : Les îles de France dans l’Océan Indien. À son bord, une cargaison de 160 esclaves malgaches acheté·es en contrebande. Après 8 mois en mer, le navire s’échoue sur l’île de Sable, un bout de terre d’1 km2 sans eau potable au large de Madagascar. L’équipage reprend la mer sur un bateau de fortune, laissant sa “cargaison” avec 3 mois de vivres et une promesse : revenir les chercher.

Les rescapés vont survivre sur cet îlot de sable traversé par les cyclones. Quinze ans plus tard, le 29 novembre 1776, un navire recueille enfin les survivant·es : sept femmes et un enfant de 8 mois.

Ce fait historique nous plonge dans l’insupportable de l’histoire : la traite négrière dans les colonies françaises. Ce spectacle se veut autant le témoignage de l’abomination d’un commerce et de ses conséquences, que celui de la survie acharnée d’un groupe d’hommes et de femmes mues par le désir de ne pas s’abandonner. Sur l’île les naufragé·es sortent de leur condition d’esclaves mais ils demeurent captif·ves du banc de sable avec la crainte de revenir à leur ancienne condition s’iels sont secourus. Quelle décision prendre : partir ou attendre ? Les questions posées sont évidemment éthiques, morales et éminemment universelles et actuelles.

Pour faire résonner cette histoire oubliée au sein de la Grande histoire les conteur·euses font appel au papier et aux objets pour convoquer l’imaginaire, la poésie et la drôlerie.

« Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude ; l’esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes » ~ Article 4, Déclaration Universelle des Droits de l’Homme · 1948